A l’heure de l’informatique triomphante, du big data dominateur et de la technologie assurée, les formations aux humanités, à la littérature, à la philosophie et à l’histoire sont-elles définitivement périmées ?
Il faut bien le reconnaitre, c’est l’avis de beaucoup, particulièrement en France.
Or quelques années plus tard que constate-t-on ?
A peu près l’inverse en réalité.
- Le fondateur de Slack a étudié la philosophie à Victoria et à Cambridge.
- Reid Hoffman l’homme de LinkedIn a obtenu un diplôme de niveau Master en philosophie à Oxford.
- L’actuelle Présidente de Youtube Susan Wojcicki est quant à elle diplômée d’Harvard en histoire et en littérature.
Les exemples en fait, sont innombrables.
Dans ces études d’un genre particulier, toutes et tous ont cultivé une manière d’interroger le réel de telle manière qu’aujourd’hui plus personne ne remet en cause la nécessité de faire coexister, jusque dans les entreprises technologiques, la culture technique et la culture littéraire.
Pourquoi les « techies » et les « fuzzies » ont-elles besoin les uns des autres ?
Contrairement à l’idée reçue, le nombre d’informaticiens, de techniciens, d’ingénieurs dont le marché a besoin n’est pas extensible à l’infini, notamment dans les pays les plus riches.
Une grande partie de ces emplois sont aujourd’hui délocalisés en Inde, en Chine ou au Nigéria.
Alors que dans le même temps, la curiosité intellectuelle, la créativité, la finesse du jugement, ou la connaissance des cultures et des langues ne sont pas délocalisables aussi facilement, et sont donc d’autant plus nécessaires pour le développement des organisations à vocation technologique.
Une étude parue dans le Wall Street journal en 2016 mettait déjà en évidence toute la difficulté que les entreprises américaines avaient de recruter des candidats dont les compétences dépassent le seul savoir technique.
Mais si cet essai fait une distinction entre « fuzzies » et « techies », c’est pour mieux la dépasser et en montrer l’inanité.
Ce qui importe aujourd’hui c’est de sortir de cette ignorance mutuelle, et de permettre aux arts libéraux d’enrichir la palette des compétences managériales : l’analyse approfondie des situations, la capacité à argumenter et à lire, l’élévation du niveau des débats.
Les technologies aujourd’hui ne peuvent progresser que si et seulement si nous les interrogeons sur le plan de leur utilité sociale, politique et culturelle.
« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme » François RABELAIS dans GARGANTUA.